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Can't catch Tomorrow
22 août 2007

Première note. / Tiersen - La valse d'Amelie

edwardCe sont donc les premiers mots que j'écris ici. Je ne sais pas encore ce qu'il va devenir, ce nouveau moi. Je parle de l'endroit. Ou peut-être de moi aussi. En fait je ne sais pas. C'est sans doute pour cela que j'écris.
Si je tourne la tête, je vois les deux squelettes de mes anciens refuges. Et si je plisse légèrement les yeux, comme j'ai l'habitude de le faire lorsque je n'ai pas mes lunettes, je peux même distinguer quelques vagues fantômes vivre encore là-bas. Attention, ce ne sont pas de méchants fantômes, juste des ombres. Plus des ombres que des fantômes d'ailleurs...
Comme si quelqu'un avait photographié ma vie à un moment donné, et que j'étais sorti de cette photographie, laissant derrière moi une vague empreinte. Si vous aussi vous y regardez de plus près, vous vous appercevrez que dans ces deux clichés, quelqu'un me tient la main. Mais d'un tableau à l'autre ce quelqu'un varie, se transforme, s'atténue. Les deux clichés sont assez semblables après tout, malgré leurs différences. Ils se ressemblent par ce qu'ils représentent, pas par ce qu'ils montrent.

J'ai un peu mal à les regarder, là, en me tordant le cou. Après tout, j'ai un portait blanc devant moi, et tout ce qu'il faut pour le remplir.

Par où commencer ?

Une légre esquisse d'abord ? Un crayonné léger, pour visualiser ce que sera l'ensemble ?

Je serai seul. Ici, c'est décidé, je serai seul. Juste ici je veux dire. Dans ce portait. Ecrire sur l'amour je n'ai su faire que cela jusqu'à présent. L'amour incontrôlable, l'amour passioné, l'amour vécu, l'amour déçu, ...
J'ai l'impression d'avoir tout donné. D'avoir formé trop de fois certains mots. Jusqu'à en perdre le sens exact.
Ici je veux retrouver ces mots que je savais trouver avant, des mots purs et neufs, vierges de sentiments amoureux. Ou du moins un maximum, après tout, on dit bien tomber amoureux, et je n'exclus pas de tomber, généralement on ne le fait pas intentionnellement, n'est-ce pas ?

Mais soit. Continuons. Laissons descendre le crayon, il vient de terminer la courbe du nez, attaquons la lèvre inférieure.

Personne ne connaît encore cette adresse ci. Peut-être est-ce mieux, je n'en sais encore rien. Trop de gens ont pu lire les niaiseries que j'ai pu écrire, ici je leur épargnerai cet affront et me contenterai d'écrire seul.

Aussi absurdre soit-il, j'ai du mal à écrire avec un stylo. J'ai perdu cette habitude depuis que je me suis mis au clavier. Les touches sont tellement plus rapides que la plume. Ici, je peux effacer sans raturer, recommencer à souhait, me laisser emporter sans savoir exactement où et puis tout supprimer, d'une pression négligente du doigt. Ce sont là les merveilles de la technologie, et les attributs de la jeunesse actuelle, aussi, sans doute.

Les lèvres sont terminées. La bouche se dessine finalement. Le front également, je dois attaquer les yeux. Les yeux sont le plus important. Je dois me concentrer, c'est ici que je cloturerai avec ou sans talent, cette première esquisse.

J'ai donc pris de bonnes résolutions, une fois de plus. Quant à savoir si je les tiendrai, seul Dieu le sait.
Ici, rien ne sera régulier, les notes ne seront qu'une suite de mots. Puis vaguement un tout. Peut-être même parfois se cachera-t'il un sens, timide, derrière les lettres, hésitant à les écarter pour rendre enfin compréhensible cet étrange balbutiement.

Et puis après tout, tant qu'à faire d'écrire des sottises, autant le faire bien, non ? Alors je n'hésiterai pas. J'écrirai ici ce que j'ai bien eu envie d'écrire, et puis quitte à me rendre ridicule, à me faire passer pour fou, ou à me créer un monde, je le ferai tellement bien que j'y croirai. Et que lorsque le soir, attiré ici par une lueur mélancolique, un refrain lancinant ou un brûlant morceau de jazz, je me laisserai guider par les notes. Que je déverse ici ma peine, ma joie et ce qui compose mes matins comme mes soirs.
Que je me vide ici de ma substance jusqu'à me perdre moi même, et que je sois heureux. Comme un musicien avec son instrument, comme un mathématicien dans ses formules algébriques, comme un savant fou dans son laboratoire, ou comme un poisson dans l'eau,

Ou juste comme un écrivain près des mots qui le composent, à faire jouer les sons pour former des images, à  donner vie aux images pour qu'elles sonnent elles aussi, et diriger alors le plus fantastique des orchestres de l'univers : la langue française.

Parce qu'après tout, vous savez, écrivain, c'est ce que j'ai toujours voulu être...

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Commentaires
L
Et c'est ce que tu mérites de devenir (écrivain). Avec un talent pareil, il serait dommage de passer à côté de cette opportunité.
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