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Can't catch Tomorrow
29 août 2007

Deuxième note. / Philip Glass- Marchingseason

ruelle_sombreLe café fumait entre les mains de l'inspecteur Jeremy Euron. Son regard se perdait encore dans les volutes fumantes de la boisson posée devant lui. Son assistante était venue le lui apporter quelques minutes plus tôt, à la suite d'un réveil douloureux dans le canapé qui, ces temps-ci, occupait un peu trop souvent le rôle de son lit.
La bouche pâteuse et la barbe hirsute, l'officier offrait ces derniers jours une image assez inquiétante. Pour avoir une explication, il ne fallait pas être très curieux; la cause de son manque de sommeil, de son trop-plein de boulot et de son humeur excécrable s'affichait pour le moment à la une de tous les journaux, et ce depuis la dernière fois qu'il avait revu son lit.
Les membres de la brigade criminelle qu'il dirigeait évitaient d'ailleurs un maximum de le croiser, ayant à fournir trop peu de renseignement pour justifier une quelconque gratitude, ou même une lueur d'intêret dans les yeux de leur supérieur.
Celui-ci avait décidé quelques heures plus tôt d'attendre le lever du soleil et l'arrivée de la plupart d'entre-eux en essayant d'effacer les cernes qui soulignaient à présent ses yeux grâce aux quelques heures de repos dont il espèrait bénéficier.
Sa veste de costume était pendue au portemanteau (et le quittait rarement ces derniers temps), ses chaussures délacées au pied du canapé.
Non contentes de ne lui avoir fait aucun bien notoire, Jeremy pouvait maintenant profiter des plaisirs d'un mal de dos des plus plaisants et des marques du tissus imprimées sur le côté gauche de son visage.

Mais bien que ses heures de sommeil sur les dernières nuits se comptassent sur les doigts d'une seule main, l'esprit de l'inspecteur restait vif. Ses yeux, errant encore dans la fumées tièdes de son café, contrastaient avec la rapidité à laquelle le fraîchement levé inspecteur réfléchissait. Comme chaque matin, et malgré l'air persistant d'un morceau de piano qu'il avait encore écouté la veille, accompagné d'un verre de vin, l'homme analysait les étapes de sa journée, les éléments qui allaient la joncher, et ceux qu'il devrait affronter plus vaillamment que  les autres. Parmi ceux-ci, son rendez-vous avec son ex, qui se trouvait malheureusement être le psy imposé aux agents du département criminel. Il ne l'avait pas revue depuis leur rupture et la perspective de parler de son enfance et des conséquences indubitables de celle-ci avec celle qu'il avait quitté il y avait maintenant deux semaines se plaçait assez haut dans l'échelle des difficultés de la journée.

Son regard traîna sur la table basse et rencontra la une du principal journal de la ville, portant le titre que tous transformaient pour le moment en le même message horrible et incessant. Ce message se composait quasiment toujours, depuis le début des évènements, de la même substance : le maniaque qui avait commencé à frapper il y a un peu plus de 7 jours a encore tué.
Cette fois-ci, on avait retrouvé la nouvelle toile au coin d'une rue commerçante dans le nord de la ville.
Car c'était là l'horrible particularité du tueur. Chaque nuit, une nouvelle toile apparaissait quelque part dans la ville. Sur cette toile, du sang, des organes, et toujours la tête de la victime, clouée, fixée, les yeux écarquillés de terreur, fixant les nouveaux spectateurs de leur macabre destinée.

Jamais un témoin. jamais une empreinte. La police bafouillait de vagues pistes devant les caméras et chaque soir, dans les rues désertes de la ville, une nouvelle oeuvre venait orner un mur, fleurissant désormais dans un climat d'effroi.

"Une peinture démentielle" - Premier chapitre.

Photo : cliketclak.skynetblogs.be

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